Philippe Delaveau, poesie scelte

Philippe Delaveau

Traduzioni di Cristina Spinoglio

Da Petits instants ordinaires, Gallimard 1999

Il canto del mondo

Coloro che non sentono il canto del merlo
sul pino nero
coloro che hanno deciso di non ascoltare nulla –
scivoleranno verso altri giorni
nell’ombra che li attira –
E gli smarriti, gli imprudenti scompariranno
dietro il tintinnio del loro fallace potere.
Il giorno agita rami e cortine,
fumo di falò di foglie solitarie
Nei minuti giardini composti e ordinati,
ma la foresta, per celebrare silenzio e pace,
svela il suo enigma,
di cui si appropria il capriolo solerte.

Ho sentito a volte, diceva il viaggiatore nel Tirolo
i cervi tutti bianchi bramire in alto nella stagione degli amori,
e in basso rispondere con un mormorio nel tenero fogliame
le cerbiatte odorose color di neve.

Coloro con gli occhi coperti di rumore meritano il nostro disprezzo?
La vostra parola è morta dicono, oppure: questa non è la nostra pietà.
Non è più il tempo di effimeri chiarori,
per l’insolente sottomissione, su questa terra,
per tanta bellezza senza tregua,
la cui arroganza ci nega talvolta autorità.
Tutto agisce e si spossa e torna al nulla:
a che serve questo amore?

Ben misera cosa certo per gli affari, questa poesia
E Marthe che si agita invano in cucina,
ha detto il Maestro,
Marthe a volte si ferma e si ricorda.

Che ridano del nostro canto più semplice del vento tra i cespugli
la voce del vento e il clamore dell’acqua sugli scogli costieri.

Come l’uomo in piedi sul battello che si allontana,
amo le parole che pronuncio e queste grigie conchiglie
nella trasparenze delle ostriche,
Il mare le denuda nel suo esilio o il mare le ricopre,
a volte brancolanti in pieno giorno o per un fulgore di luna
nel paziente progresso del loro palazzo
dove l’acqua dentro s’ispira al mare aperto.

L’inverno sotto la bruma e la pioggerellina, l’estate con un sole fremente
come l’ostrica aperta in silenzio e che si chiude
Poniti danti alla linea inesauribile della riva
tra il grigio del mare e il grigio di un pensiero.
Nel suo rifugio allora l’uomo che veglia
contemplerà il sortilegio e coloro che lo rifiutano.

Da Le chant du monde

Ceux qui n’entendent pas le chant du merle
dans le pin d’Autriche,
ceux qui ont résolu de ne jamais entendre –
glisseront vers d’autres jours,
dont l’ombre les attire –
et disparaissent les égarés, les imprudents derrière
le cliquetis de leur pouvoir trompeur.
Le jour agite branches et rideaux,
fumées de feux solitaires de feuilles
dans les petits jardins tirés à quatre épingles,
mais la forêt, pour célébrer la paix et le silence,
délivre son énigme,
dont le chevreuil alerte se saisit.
J’ai entendu parfois, disait le voyageur dans le Tyrol
les cerfs tout blancs bramer en altitude à la saison d’amour,
et leur répondre en bas dans les feuillages doux par un murmure
les biches odorantes couleur de neige.
Ceux-là aux yeux couverts de bruits méritent-ils notre mépris ?
Votre parole est morte disent-ils, ou bien : ceci n’est pas notre piété.
Il n’est plus temps pour des lueurs éphémères,
pour d’insolentes soumissions, sur cette terre,
à tant de beautés sans répit,
dont l’arrogance nie parfois notre pouvoir.
Tout agit et se lasse et retourne au néant :
À quoi bon cet amour ?
Une bien maigre chose assurément pour les affaires, ce poème
et Marthe qui s’agite vainement dans la cuisine,
a dit le Maître,
Marthe parfois s’arrête et se souvient.
Qu’ils rient de notre chant plus simple que le vent des broussailles
la voix du vent et la clameur de l’eau sur les rocs de la côte.

Comme l’homme debout sur le bateau plat qui s’éloigne,
j’aime les mots que je prononce et ces gris coquillages
dans la transparence des claires.
La marée les dénude en son exil ou la mer les recouvre,
parfois tâtonnés du plein jour ou d’un éclat de lune
dans le patient accroissement de leurs palais
où l’eau dedans s’inspire du grand large.
L’hiver sous l’écume et la bruine, l’été par un soleil bruissant
comme l’huître en silence ouverte et qui se ferme
installe-toi devant l’inépuisable ligne du rivage
entre gris de la mer et gris d’une pensée.
Dans son refuge alors l’homme qui veille
contemplera le sortilège et ceux qui le récusent.

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